samedi 1 décembre 2007

Depistage du VIH : de quoi avons nous peur?

Thème intéressant, je dois dire. Quelqu’un me disait avant de demander aux autres d’aller se faire dépister, il faut aller le faire soi-même. Cela laisse à réfléchir, car j’ai rencontré des pairs éducateurs qui refusent jusqu'alors de le faire.

La peur est une réaction naturelle en face d’une chose inconnue. Mais la peur du dépistage est alimentée comme certains l’ont dit par la stigmatisation et la discrimination auxquelles les personnes vivant avec le VIH/SIDA font face.

C’est ce que nous avons noté lors des activités de notre projet avec 100 PPVIH à Pointe-Noire. Les femmes surtout ont témoigné qu’une fois qu’elles ont annoncé leur statut sérologique, leurs conjoints ont détalé.
Il y a quelques mois, il y avait une information qui avait circulé au sujet d'un enfant séropositif de 5 ans que les grands hôpitaux de Chine ont refusé d'opérer par crainte de rendre les chirurgiens vulnérables à l'infection VIH. Un autre garçon atteint du SIDA que les médecins avaient refusé d'opérer était décédé.

Nous pensons que ce genre de comportement ne peut pas pousser les gens à se faire dépister volontairement.

Il faudrait faire quelque chose. J’ai passé en 2005 un mois, immergée dans un centre de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA à l’intérieur de l’Ouganda. J’ai également visité d’autres organisations de lutte contre le SIDA, et je peux vous dire que lorsque nous nous rendions sur le terrain dans les villages comme dans les centres urbains, les personnes vivant avec le VIH/SIDA étaient considérées comme tout le monde, il y avait pas de signe particulier de stigmatisation.

Le traitement était apporté dans les villages chez les malades alités chez eux et cela je l’ai vu et participé à plusieurs actions de proximité dans les villages. J’ai été invitée dans plusieurs familles, où des membres de la famille voulaient tous me raconter comment ils ont été infectés et comment ils luttaient. Et aussi, je dois dire que le climat de travail quotidien avec mes collègues séropositifs était normal.

C’est cela qui manque souvent dans nos pays, où une fois que vous annoncez votre séropositivité, les regards se braquent sur vous comme des projecteurs.

Le succès de certaines interventions en Ouganda réside dans le fait que la prise en charge psycho sociale est très forte. Il ne faudrait pas se limiter seulement à l'accès au traitement.

Je ne pense pas que beaucoup de personnes se sentiront en sécurité de faire le dépistage du VIH, si elles doivent passer le restant de leur vie à assumer les regards de ceux qui ne comprennent pas.

Il y a encore des choses à faire.

Voici quelques liens des témoignages de femmes à Pointe Noire :
Des femmes de courage abandonnées par leurs maris, par ce qu’elles sont séropositives.
http://azurweb.blogspot.com/2007/03/des-femmes-de-courage-abandonnes-par.html

Des femmes gardent leur séropositivité secrète par crainte d’être rejetées
http://azurweb.blogspot.com/2007/03/des-femmes-gardent-leur-sropositivit.html


Sylvie Niombo
Directrice d'AZUR Développement

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